
Sur le bout de la langue est de nature avide. Et, en une allée d’épicerie « passant, la faim, l’occasion, l’herbe tendre, [les soldes] et quelque diable aussi […] poussant* », une incriminante mais ô combien tentante barquette de framboises a été achetée.
Ah, l’avidité! Il faut désormais vivre avec la culpabilité éthique (mais les framboises locales sont encore vertes sur leur plant!), environnementale… et grammaticale!
Il est de nos jours si facile de s’enrôler, d’un simple clic plus ou moins engagé, dans une multitude d’organisations que le verbe joindre, le plus souvent calqué de l’anglais, est utilisé à tous les coulis. Mais quelle déception d’arriver au fond du plat et de ne pas y trouver une formulation limpide!
Le verbe joindre signifie, lorsqu’on parle de choses, mettre ensemble, ajouter à, relier ou associer. Lorsqu’on parle de personnes, il veut dire entrer en contact avec. L’expression « joignez-vous » de l’emballage inviterait donc les gourmands, s’ils avaient des questions ou des commentaires à formuler, à s’adresser à eux-mêmes…
Il aurait donc fallu écrire « rejoignez-nous », puisque le verbe rejoindre signifie s’unir à une personne ou à un groupe, ou encore « joignez-vous à nous », puisque « se joindre à » est tout à fait acceptable dans ce sens. Mais il faut admettre que le « nous » d’une barquette de framboises reste un ensemble un peu flou.
Pour en savoir plus, deux articles de la Banque de dépannage linguistique
Joindre, un anglicisme
Ne pas confondre joindre et rejoindre
*Les Fables de La Fontaine racontent déjà tout! «Les animaux malades de la peste», Fables, Livre VII, 1678.